Τρίτη 16 Φεβρουαρίου 2016

L’Iran recommence à exporter son pétrole vers l’Europe (Le Monde, 15-2-2016)


Total avait été la dernière grande compagnie pétrolière occidentale à cesser toute activité en Iran ; elle sera la première à relancer ses affaires avec la République islamique, où elle avait maintenu une représentation à Téhéran depuis 2012.

Après plus de trois ans d’embargo renforcé – levé après l’accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet 2015 –, un tanker devait quitter le terminal de Kharg, dans le golfe Persique, lundi 15 février, pour acheminer sa cargaison de brut vers l’Europe, a annoncé Rokneddin Javadi, le vice-ministre iranien du pétrole. Deux autres suivront, affrétés par le raffineur espagnol Cepsa et par la société Litasco, filiale du pétrolier russe Lukoil.

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Total a préféré ne pas confirmer l’information. Mais fin janvier, lors de la visite en France du président iranien, Hassan Rohani, le PDG du groupe tricolore, Patrick Pouyanné, s’était entretenu avec lui des perspectives de l’entreprise en Iran.

Cet entretien avait été suivi de la signature d’un accord-cadre pour l’achat de brut destiné aux raffineries françaises et européennes, ainsi que d’une lettre d’intention entre la National Iranian Oil Company (NIOC) et la major française permettant à celle-ci d’accéder à des données techniques pour apprécier le potentiel de développement de champs d’hydrocarbures en Iran.

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Dès la levée des sanctions, mi-janvier – après inspection des sites nucléaires de la République islamique par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) –, l’Iran a tout fait pour reprendre ses exportations au plus vite, en dépit de l’engorgement du marché et d’un prix du baril tombé sous les 30 dollars. Vers l’Asie où le pays continuait à vendre du brut, et surtout vers l’Europe, avec laquelle un embargo empêchait tout acheminement d’hydrocarbures depuis quatre ans.

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La production iranienne aurait déjà augmenté de 400 000 barils par jour, et son objectif affiché est de 500 000 barils à court terme pour une production supplémentaire d’1 million d’ici à la fin de l’année. Le pays retrouverait ainsi la production quotidienne qui était la sienne avant le renforcement des sanctions occidentales (soit 3,8 millions de barils).
« Un potentiel considérable »

L’exportation n’a pu commencer qu’une fois la certitude acquise par la NIOC et ses clients que ces cargaisons pétrolières étaient bien assurées. Et que les compagnies d’assurances ne tomberaient pas sous le coût des sanctions américaines. Les Etats-Unis en ont, en effet, maintenu de nombreuses sur les transactions financières avec la République islamique. Washington a autorisé, à la mi-janvier, de telles couvertures pour les transporteurs non-américains, a indiqué The American Club, l’association d’assureurs couvrant les propriétaires de navires.

« L’Iran dispose d’un potentiel considérable », rappelle Olivier Appert, senior advisor à l’Institut français des relations internationales (IFRI) ex-PDG de l’Institut français du pétrole Energies Nouvelles (Ifpen). L’embargo a, selon lui, entraîné une baisse des exportations d’1 million de barils par jour depuis 2011, par ailleurs réduites par l’accroissement de la consommation intérieure (+ 30 % en dix ans). « L’augmentation passera, dans l’immédiat, par la mise sur le marché de stocks existant [estimés à 50 millions de barils], puis par l’augmentation de la production des gisements existants. »
Nombreuses hypothèques

A moyen-long terme, les gisements d’Ahvaz, de Yadaravan et surtout d’Azadegan peuvent permettre à Téhéran de retrouver le niveau de près de 6 millions de barils par jour atteint à la veille de la Révolution islamique de 1979.

Mais il faudra pour cela lever bien des hypothèques, souligne M. Appert : la nature des contrats proposés aux compagnies internationales, jusqu’à présent peu rémunérateurs, la fragilité du système bancaire iranien, le maintien de certaines sanctions américaines, une relative instabilité politique intérieure – le président Rohani étant très contesté par les conservateurs –, et l’incertitude sur une relance toujours possible du programme nucléaire, qui entraînerait un retour des sanctions (mais pas sur les contrats signés).

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Reste le gaz, dont l’Iran possède les deuxièmes réserves mondiales, juste derrière la Russie. Il sera d’abord utilisé pour la consommation intérieure (ménages, transports, industrie) avant d’être exporté. Le produit de ces ressources, notamment vendues à l’étranger sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL), ne viendra pas remplir les caisses de l’Etat islamique avant la prochaine décennie. Car Téhéran a, là aussi, un grand besoin des technologies des spécialistes comme Shell, Total, ENI ou Statoil.
Dumping

Dans la guerre sans merci que se livrent les pays producteurs pour gagner ou conserver des parts de marché, l’Iran a consenti des rabais sur son brut. Un dumping déjà pratiqué par l’Arabie saoudite et la Russie, les deux plus grands exportateurs mondiaux d’or noir.

Son pétrole va s’ajouter aux productions des douze autres membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de la Russie, qui pompent le brut de manière effrénée malgré une surproduction journalière estimée à 2 millions de barils. Les stocks mondiaux ont atteint des niveaux historiquement hauts, et il faudra d’abord les écouler pour rééquilibrer l’offre et la demande – et donc les prix – sur le marché. Un rééquilibrage que les dirigeants des compagnies et les experts pétroliers ne voient pas avant le quatrième trimestre 2016.

Il y a quelques jours, les Emirats arabes unis ont indiqué qu’une baisse de la production de l’OPEP était possible. Cette ouverture d’un pays proche de l’Arabie saoudite, le chef de file du cartel, a entraîné une remontée des prix, qui sont vite retombés. Car peu d’experts croient en une telle décision de l’OPEP – en fait des Saoudiens – ni en une action coordonnée entre le cartel et les autres pays producteurs pour resserrer les vannes. Après leur rebond de vendredi, les cours sont repartis à la baisse, lundi, en Asie.

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