Rien ne semble pouvoir enrayer la dégringolade des cours du pétrole. Mardi 12 janvier, le baril est brièvement passé sous la barre symbolique des 30 dollars – pour la première fois depuis décembre 2003 – avant de remonter légèrement.
Et le pire est sans doute à venir pour le secteur. Selon The Wall Street Journal, “trois grandes banques d’investissement – Morgan Stanley, Goldman Sachs et Citigroup – s’attendent à voir bientôt les cours tendre vers 20 dollars”. En cause, “le ralentissement de l’économie chinoise, l’appréciation du dollar et le fait que les compagnies exploitantes, de Houston à Riyad, ne vont pas arrêter de pomper malgré l’engorgement du marché”, précise le quotidien américain.

Plus pessimistes encore, les économistes de la Royal Bank of Scotland estiment que “le pétrole pourrait chuter à 16 dollars le baril”, ajoute The Guardian.  

Une période très dure

“Mardi, l’Agence américaine d’information sur l’énergie a estimé que la faiblesse des prix entraînerait une baisse de 7 % de la production des Etats-Unis en 2016 – la première contraction annuelle depuis 2008”, annonce le Financial Times (FT). “Toutefois, poursuit le journal britannique, ce niveau de production serait encore supérieur de 50 % à celui d’il y a cinq ans”, avant le boom de l’exploitation des hydrocarbures de schiste.
Aux prix actuels, l’ensemble des producteurs nord-américains perdent près de 2 milliards de dollars (environ 1,8 milliard d’euros) par semaine, d’après une étude d’AlixPartners citée par The WSJ, qui ajoute que, selon le cabinet Wolfe Research, un tiers d’entre eux pourraient faire faillite ou être contraints de se restructurer d’ici à la mi-2017. 
“Les gens écrasent la pédale de frein”, explique au FT l’historien Daniel Yergin, spécialiste de l’énergie. “Les entreprises doivent se montrer prudentes, c’est une période très dure.”

Coupes budgétaires en Russie

De fait, les mauvaises nouvelles se succèdent. BP vient d’annoncer la suppression d’ici deux ans de 4 000 emplois dans ses activités d’exploration et d’exploitation, soit 17 % des effectifs de cette branche. En Ecosse, où le groupe britannique exploite le pétrole de la mer du Nord, 600 des 3 000 salariés seront licenciés. BP emploie aujourd’hui 80 000 personnes dans le monde”, précise The Guardian. Compte tenu des suppressions de postes déjà annoncées en 2015, “les effectifs seront réduits de 10 % en trois ans”.
La compagnie brésilienne Petrobras, qui est par ailleurs embourbée dans des scandales de corruption, compte de son côté réduire ses investissements de 25 % sur les cinq ans à venir.
Enfin, la Russie, dont les revenus pétroliers représentent plus de la moitié des recettes budgétaires, va réduire ses dépenses de 10 %. “Les ministères ont jusqu’à vendredi pour proposer des mesures d’économie de 700 milliards de roubles [environ 8,8 milliards d’euros]”, annonce le Financial Times, qui rappelle que le budget 2016 du pays avait été élaboré en tablant sur un baril à 50 dollars.

Pascale Boyen